Ce 3 décembre va entrer dans l'histoire. Comme le jour où l'équipe nationale féminine remporta sa première CAN de football. Ou comme le jour où le Nigeria empêcha le Cameroun pour la deuxième fois consécutive d'accomplir son rêve le plus cher. Le stade omnisports Ahmadou Ahidjo, le Cameroun tout entier, chaque coin de la planète où on rencontre un camerounais vibrerons cette après-midi au rythme de la finale de cette CAN.

L'histoire qui s'écrit, c'est aussi celle du retour en grâce du football, de la communion entre le peuple et son équipe nationale. Grâce à une bande de jeune femmes pétillantes, intelligentes au jeu, belles à croquer dans leur état d'esprit conquérant. Elles sont en train de retourner et de fertiliser le terreau de notre fragile unité nationale. Depuis leur qualification face au Ghana, elles ont largement été célébrées. Et ce n'est pas terminé.

Je veux aujourd'hui rendre un vibrant hommage à l'homme sans lequel cette heureuse euphorie ne serait peut-être pas possible. Ce n'est ni Paul Biya ni aucun des autres plaisantins auxquels l'organisation pratique de cette CAN a été confiée et qui ont pesamment œuvré à la faire échouer.

L'homme de la situation, l'artificier, l'artisan de ces moments d'euphorie collective, l'architecte de cette nouvelle machine à distribuer du plaisir est Carl Enow Ngachu. Et personne d'autre.

À la tête d'un travail passionné, acharné, constant, têtu, essuyant les revers, faisant front dans l'adversité, parfois à rebours de la fédération et du ministère des sports qui se sentent des compétences en gestion d'une sélection, il poursuit son œuvre avec le même acharnement depuis des années. Même quand pendant le stage préparatoire de cette CAN, il a été lâché par tous, trimbalant sa sélection dans des taxis de fortune, l'homme n'a pas relâché son audace et son envie de marquer cette compétition d'une empreinte particulière.

 Formé à l'INJS, il a complété sa diplômation d'entraîneur en Allemagne. À la tête des Lionnes après un parcours en club dont personne ne se souvient, il a tout réussi ou presque. Il a enchaîné toutes les premières fois, la sélection du Cameroun lui doit l'essentiel de ses lauriers. Avec cette finale à Yaoundé, il tient l'occasion d'une revanche: battre le Nigéria en finale d'une CAN et par la même occasion, permettre au Cameroun d'accéder au saint graal.

Son secret, la stabilité de son effectif bâti autour d'un squelette solide. Au jeux olympiques d'été de 2012, Enow Ngatchu avait déjà Ngono Mani, Ajara Njoya, Raissa Feudjio, Gaelle Enganamouit et Aboudi Onguene dans ses petits papiers. La preuve qu'il n'y a pas de génération spontanée, que seul le travail patient et acharné porte des fruits probants.

Cette après-midi, le stade Ahmadou Ahidjo sera plein à craquer. Je n'ai pas compris la manœuvre de la distribution gratuite des places qui a développé un sacré marché parallèle depuis mercredi. La fin de la compétition arrive et l'heure des comptes va sonner.

Aujourd'hui, les questions polémiques peuvent attendre quelques heures. Le temps que nos Lionnes nous offrent une grande finale, des frissons, des larmes de joie, le plaisir de les voir à l'œuvre et, cerise sur le gâteau, notre première CAN féminine. Quoiqu'il arrive, elles sont déjà les reines de nos cœurs. Et que notre amour les porte vers une brûlante et brillante victoire. Allez les filles! Allez les Lionnes!

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